Abdel Tazibt, après l’obtention de votre Doctorat en mécanique en 1995, vous avez enseigné les mathématiques appliquées à l’École des Mines de Douai pendant 3 ans, puis vous avez intégré le CRITT Tjfu. En 2007, vous êtes nommé Directeur de l’équipe « Fluides complexes et matériaux ». Entre temps, vous effectuez des missions internationales avec Raffaël Masiello (Directeur du CRITT Tjfu) et collaborez avec des ingénieurs du Laboratoire National d’Idaho et interviewez des industriels américains comme la NASA – pour la mise à niveau du bouclier thermique de la navette spatiale – ou Fluor Hanford – pour la décontamination nucléaire-, etc. Ces rencontrent mènent à l’acquisition d’une source d’azote cryogénique supercritique unique en Europe, qui représente une part importante des thèmes de recherche du CRITT Tjfu.

Fort de ces expériences, vous avez participé à 20 projets collaboratifs nationaux et internationaux et conduit 5 projets industriels avec des transferts en déposant 3 brevets internationaux d’invention. 

Vous avez soutenu votre HDR en décembre dernier, en réalisant votre recherche dans un Centre de Ressources Technologiques. C’est une première dans l’histoire du Carnot Icéel.  Qu’est-ce qui vous a amené à passer cette habilitation ? 

L’environnement de recherche interdisciplinaire, transdisciplinaire et multi-technologique du périmètre Carnot Icéel a été le terreau fertile qui m’a permis de développer trois axes de recherche à finalité appliquée avec mon équipe, en collaboration avec les équipes académiques et le soutien du Carnot Icéel, du Groupement d’Intérêt Public Objectif Meuse, de l’État, de la Région et de l’Europe.

Ce qui m’a motivé à passer cette HDR, c’est de pouvoir contribuer à l’établissement des connaissances, générer des données scientifiques, aider au développement de solutions technologiques économiquement viables, performantes et à faible impact environnemental et participer à la transformation de l’innovation dans les entreprises. 

D’autre part, les travaux de recherche (thèses et masters), le ressourcement (Icéel), les projets collaboratifs et les transferts industriels que nous menons m’ont permis de développer des méthodes originales et de générer des données scientifiques inédites à l’échelle internationale. 

Passer cette habilitation est une démarche personnelle nourrie par mon souhait fort de pouvoir confronter mes travaux au standard académique national et international et pouvoir en mesurer le niveau scientifique.

Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? Pour la recherche appliquée ?  

Le sens de ma démarche est résumé dans le titre de mon HDR. Mes domaines de recherche m’ont amené à m’intéresser aux relations Procédés Jets Fluides – Propriétés Matériaux. Pour illustrer mon raisonnement, je me suis appuyé sur quelques cas applicatifs marquants que j’ai pu traiter, en partant de l’étude des phénomènes à la valorisation et au transfert vers le monde socioéconomique. 

J’ai voulu mettre en lumière l’importance de la recherche appliquée dans le continuum recherche porté par l’esprit Carnot instigué par l’ANR. Cette HDR est un témoignage de la valeur ajoutée concrète de la collaboration entre un Centre de Ressources Technologiques (CRT) et des équipes académiques du Carnot Icéel et bien au-delà. Cela se traduit sur le terrain par des collaborations industrielles et des transferts. 

L’autre valeur ajoutée réside dans la richesse de la culture scientifique, technologique et industrielle qui peut germiner et se développer au sein du Carnot Icéel en associant des CRT et des laboratoires travaillant ensemble pour répondre à des besoins industriels.

Vous collaborez avec le Carnot Icéel depuis de nombreuses années, Notamment sur des projets de recherche comme Crossject. Pouvez-vous revenir sur cette collaboration industrielle ?

Photo de la seringue sans aiguille Zeneo. On voit un objet bicolore, blanc et vert qui a une forme très différente d'une seringue.

C’est, en effet, une success story ! Patrick Alexandre, alors PDG de la société Crossject, m’avait fait part de sa problématique industrielle : il cherchait à améliorer la performance d’injection de sa seringue sans aiguille ZENEO. Son souhait était de se démarquer de la concurrence internationale. Je lui ai alors proposé une solution technologique à l’encontre de son raisonnement historique. Cette solution a permis d’améliorer de 20% (dixit M. Alexandre) la performance d’injection de ZENEO. L’innovation a été protégée par un brevet conjoint et a obtenu la biocompatibilité. À présent, la seringue ZENEO est en cours de déploiement industriel par un laboratoire pharmaceutique européen.

– BG

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